Que deviendra l'autre côté du miroir si la frontière tombe ?
Nos êtres seront-ils la continuité de leurs reflets, miroir en abyme d'une illusion ?
Ou bien nos illusions seront-elles les reflets de nos réalités, réalités elles-mêmes comme fruits de notre conviction ? De la porosité salutaire des frontières peut-on déduire l'efficience de leur abolition ?
Heurté à la difficulté d'être, à tant vouloir puiser dans les recettes les plus simples, les plus évidentes,
les plus lisses, ne masque-t-on pas le souci d'une perversité fondamentale qui cherche à confondre universalité et globalité ? Perversité à « oublier » que la frontière est l'empreinte absurde et nécessaire de la séparation au
monde qui nous rend au monde ?
Dans ce monde là, le soudard côtoie le juste sans ordre moral. C'est le monde de la résurgence, de l'altérité,
des face à face fulgurants entre soi et soi, des porosités à soi-même. Un monde de luttes barbares et
grotesques, mais un monde de vérités. C'est le champ aux ordres du chaos, là où les contradictions « éruptent », l'autre côté de la ligne de partage, à la fois contenu et transgressif.
Sur l'arrête virtuelle du miroir s'interpellent les perspectives inverses des deux infinis d'un seul et même monde.
Sur cette arête infinitésimale, se confrontent raison et émotion, avec un seul enjeu : « sauver sa peau ». Sur cette pellicule infime, le film de l'introspection déroule la vision masquée de son inquiétante altérité : « Soi est un autre ».
Képa